Au cours des vingt dernières années, ce sont près de 2 000 planètes qui ont été identifiées autour d’étoiles plus ou moins lointaines de notre galaxie.
Ces découvertes représentent en soi un formidable exploit technologique, rendu possible par le perfectionnement des télescopes actuels. Ainsi sont régulièrement annoncées les découvertes de « planètes-sœurs » de la Terre, dont on sait depuis un certain temps déjà que celle-ci est la seule de tout le système solaire à développer la vie. L’an dernier c’était Kepler-452b, qui gravite autour d’une étoile située à 1 400 années-lumière et dont la une des journaux annonçait qu’elle était une « super-Terre » ; le 26 août dernier, c’était Proxima-b, située dans la zone supposée favorable à l’apparition de la vie autour de l’étoile la plus proche du Soleil, Proxima du Centaure, qui « n’est qu’à » 4,25 années-lumière de chez nous.
Tout cela est admirable mais, au-delà de l’annonce de la découverte, le message implicite au grand public est le suivant : puisqu’à quatre pas d’ici une autre planète est susceptible de nous accueillir, pourquoi nous désespérer de la destruction accélérée de la nôtre ?
C’est effectivement à la fois une totale illusion et une odieuse supercherie que de laisser croire à nos contemporains qu’un jour l’homme pourra coloniser une exoplanète. Et ce pour une raison simple : il aura disparu bien avant.
D’abord parce qu’une seule année-lumière représente une distance qui ne se situe pas à la même échelle que celles s’appliquant au système solaire : l’exoplanète qui vient d’être découverte est à 40 000 milliards de km, soit 7 000 fois plus loin de la Terre que ne l’est Pluton. Considérant que la sonde New Horizons, qui a survolé Pluton le 14 juillet 2015, a mis 9 ans et demi pour y parvenir, il faudrait environ 66 500 ans à un vaisseau utilisant le même principe de propulsion pour faire le voyage.
Certes, les scientifiques médiatiques affirment déjà, avec l’assurance qui les caractérise en général, que l’Homme saura un jour mettre en œuvre une technologie différente permettant d’aller plus vite, c’est-à-dire au moins 1 000 fois plus vite pour que l’affaire soit envisageable.
Ensuite, et c’est là que le problème devient insoluble, à la vitesse à laquelle s’accélère l’évolution de l’humanité — destruction de la nature, épuisement des ressources, surpopulation, sans parler des risques de guerre généralisée — il est hautement improbable, pour ne pas dire plus, qu’un vaisseau s’apprête à embarquer des colons à destination d’une exoplanète avant l’extinction de notre espèce.
Mettre en une l’annonce de la découverte d’une planète a priori accueillante et accessible, comme l’ont fait Le Monde, Le Figaro ou Science & Vie, relève plus que de la supercherie : c’est entretenir de la façon la plus cynique qui soit l’illusion qu’il existe une « planète B », et cette illusion est avant tout destinée à relativiser les échéances auxquelles l’humanité devra faire face à très court terme. A moins que dès demain matin tout soit mis en œuvre pour éviter une telle issue, mais rien ne semble l’annoncer…